La cuisine était l'un des lieux les plus actifs des Hospices: en toute saison, il fallait pourvoir à l'alimentation des malades, sans compter la distribution quotidienne de pain blanc à la porte de l'Hôtel-Dieu, comme le rappelle instruction de 1443. Entre une patients et garde-malades, cela représentait plus de cent personnes. Si l'évier et la cuisinière sont des installations récentes, la cheminée à deux foyers est d'origine et le malicieux automate du tournebroche, messire Bertrand, est lui-même d'un âge vénérable, ayant été installé en 1698 par l'horloger local Defresne. Marquée en son premier siècle par différents événements funestes effondrement du plafond en 1459, incendie en 1499, la cuisine fut peu à peu réduite, notamment par la création de l'infirmerie pour femmes qui empiéta sur les deux fours toujours en marche, tandis que le dépôt de farine, à l'étage, était déplacé vers un autre bâtiment.
À l'exception de la cheminée double, de la crémaillère (visible dans le foyer droit) et du triple tournebroche animé par messire Bertrand, la scénographie actuelle de la cuisine se fonde sur des ustensiles des XVII ème, XVIII ème et XIXème siècles.
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La cuisine des Hospices de Beaune 1897 Jean-Louis-Edouard Darviot (1859-1924) |
Les cuisines de l'Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune par Edouard DARVIOT
Huile sur toile
Fin XIX siècle ou début XXe siècle
Collection Hôtel-Dieu - Hospices Civils de Beaune
Ce tableau a été acheté par Olivier Kooman le 10 octobre 2021 lors de la vente aux enchères du mobilier du château de la Rochepot, acquis par l'épouse du président Sadi Carnot en 1894 pour son fils aîné: le château est vendu par la famille Carnot en 2015 à un groupe d'investisseurs ukrainiens dont les démêlés judiciaires conduisent à l'organisation de deux ventes aux enchères publiques.





La sœur apothicaire
A ses débuts et jusqu'au XVIIIe siècle l'équipe de l'apothicairerie étan probablement composée d'une sœur responsable, d'une sœur plus jeune er apprentissage chargée de la seconde ainsi que d'une servante. L'Hôtel-Dieu a conservé le portrait de l'une de ces sœurs en charge de l'apothicairerie au XVIIe siècle: Sœur Pierrette Monnet (1557-1628) représentée avec un mortier et son pilon à la main, symbole de sa fonction.
L'apprentissage de l'art de soigner étant délicat, les sœurs apothicaires étaient choisies par la maîtresse et ne changeaient pas de fonction tous les 3 ans comme les autres sœurs. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, à l'instar de nombreuses pharmacies hospitalières et sans que l'on sache la véritable raison, l'Hôtel-Dieu nomme un apothicaire de la ville comme responsable. Est-ce pour éviter les irrégularités qui ont peut-être été constatées lors de la préparation des médicaments ?
Les alambics
Ils étaient situés dans le laboratoire attenant à la pharmacie mais celui de l'Hôtel-Dieu très étroit, n'est pas accessible. Les alambics encore complets ont été déplacés dans cette salle. Ils fonctionnent de la manière suivante :
Le produit, destiné à être distillé, est chauffé dans la cucurbite jusqu'à ébullition. La vapeur s'élève à travers le chapiteau puis pénètre dans le col-de-cygne pour se condenser dans le serpentin maintenu dans un courant d'eau froide. L'opération a pour objet d'obtenir le distillat soit:
En débarrassant un corps volatil de ses impuretés, comme par exemple l'eau distillée.
En extrayant un corps volatil d'un complexe non-volatil, comme par exemple les essences de plantes, les alcoolats, les eaux de fleurs ou de plantes (de rose ou de menthe)


Le tableau de Michel Charles Coquelet Souville daté de 1751 est exceptionnel, il montre l'apothicaire Claude Morelot en train de travailler dans son officine. Morelot était également en charge de la pharmacie de l'Hôtel-Dieu jusqu'à sa mort en 1776. Ce tableau met en scène les principales actions nécessaires pour la fabrication des médicaments, certaines manipulations du XVIIIe siècle n'ont pas changé :
pulvérisation des drogues simples à l'aide d'un mortier et d'un pilon.
- confection des médicaments en faisant chauffer les mélanges.
- réalisation des pilules à l'aide d'un pilulier.
distillation à l'aide d'alambics que l'on fait chauffer en les plaçant sur des fourneaux.
Le pilon suspendu par un arc
Les pilons des mortiers parés d'un œillet sont reliés à un support élastique en forme d'arc qui facilite le travail. Le pilon du gros mortier, pesant près de 6 kg, était suspendu à une poutre du plafond de la chambre des mortiers.
Cet arc est une pièce unique qui n'est attestée que dans le Livre de la Fondation de l'apothicairerie Hans Friedrich Eglinder (1608-1675) daté de 1629-1639, conservé au musée de la pharmacie de Bâle.
La première page représente un apothicaire en train de pulvériser des produits qu'une femme verse dans un mortier.

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| Le pilon suspendu par un arc se trouve au fond à droite sur la photo |
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| Le pilon suspendu par un arc |




L'existence d'une apothicairerie à l'Hôtel-Dieu est attestée dès 1501 dans un inventaire. De taille modeste, elle a été plusieurs fois agrandie au fil du temps pour répondre aux besoins de place que nécessitait le développement de l'art de préparer les médicaments.
Les boiseries
Il est décidé le 8 juillet 1787 de confier à Joseph Bonhomme, maître menuiser à Beaune, la réalisation des boiseries que l'on peut encore admirer aujourd'hui. Tandis que les autres pharmacies hospitalières arborent des boiseries magnifiquement décorées, celles-ci se différencient par leur extrême simplicité. Les dirigeants de l'Hôtel-Dieu ont probablement cherché à faire des économies sur la commande d'étagères en prévision de l'achat de l'importante collection de pots en faïence. Néanmoins, au XVIIIe siècle elles présentaient un décor faux-marbre d'un plus bel effet qui venait contrebalancer la simplicité de la réalisation. La peinture faux-bois actuelle date de la fin du XIXe siècle.
Les pots a pharmacie en faïence
La collection de pots en faïence a probablement été acquise par l'Hôtel-Dieu auprès de l'apothicaire Claude-Etienne Grémaud en mars 1789 avec le reste de son matériel de travail. Les initiales Jet Met la date inscrites sur le pied du pot à Thériaque laissent à penser que la collection fut réalisée en 1782 pour le couple d'apothicaires beaunois Jacques Jardet et Reine Moreiot (fille de Claude de Beaune) Morelot apothicaire L'apothicaire Grémaud aurait acquis la collection le 11 février 1787, lors de la vente de l'officine du couple située rue Saint-Pierre à Beaune.
Le fonctionnement de la pharmacie
Durant la 2 moitié du XVIIIe siècle, la pharmacie de l'Hôtel-Dieu a été placée sous la responsabilité d'un apothicaire de la ville. Celui-ci, moyennant un Important salaire, était chargé de vérifier que la préparation des médicaments se déroulait parfaitement. C'est ainsi que les apothicaires beaunois, Claude Morelot et Claude-Etienne Grémaud ont été à la tête de la pharmacie de l'Hôtel-Dieu, de Beaune. En 1788, les dirigeants de l'Hôtel-Dieu, sans doute désireux de faire l'économie d'un apothicaire, décident que des sœurs seraient formées pour assurer seules le fonctionnement de la pharmacie.
En 1791, grâce à l'inventaire révolutionnaire fait mention de deux cents bocaux et flacons de verre. Cet ensemble s'est probablement constitué au fur et à mesure des achats de drogues passés aux marchands-droguistes. En effet, ceux-ci conditionnaient leurs produits dans des récipients en verre ou en faïence et les facturaient ensuite aux commanditaires. L'uniformité des pots laisse à penser que l'approvisionnement en drogues s'effectuait auprès d'un marchand régulier. Il s'agit vraisemblablement du marchand-droguiste Noël Nicot, installé à Lyon, qui fut le fournisseur principal de la pharmacie de 1776 à 1789. En effet, durant cette période, les sœurs de la pharmacie lui ont passé de grosses commandes, ne s'adressant aux apothicaires de Beaune que de manière très ponctuelle et pour de petites quantités, probablement lorsqu'un produit venait à manquer et qu'il fallait se le procurer rapidement.
De 1770 à 1782 Pierre Bourgeois, Médecin, approuvait la livraison des proc. pharmaceutiques commandés et apposait sa signature avec cette mention : "Je soussigné docteur en médecine certifie avoir vérifié et fait le prix des drogues ci-dessus qui montent à la somme de [...]". Il renégociait, généralement à la baisse, les prix facturés par le marchand-droguiste.
L'organisation des pots à pharmacie dans les vitrines
Le rangement des pots s'appuie sur les inventaires des drogues tenus par les sœurs pharmaciennes au cours du XIXe siècle et sur une thèse de pharmacie soutenue en 2007. Les pots sont présentés tels qu'ils pouvaient l'être au temps où la pharmacie fonctionnait encore. Les différentes preparations sont rassemblées par catégories et par forme de pots :
Les drogues à usage interne:
1. les confections (CONF.) et les électuaires (ELE.) sont des sirops épais de même consistance que le miel
2. les sirops (SY.)
3. les eaux
4. les pilules (PIL.)
Les drogues à usage externe:
5. les onguents (VNG.)
La collection de pots en verre a été disposée suivant la composition des produits:
- deux vitrines de drogues simples, de poudres d'origine végétale et d'origine animale
- une vitrine de substances préparées et de pastilles
- une vitrine d'alcoolats, d'esprits, d'élixirs et d'huiles volatiles.
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| Vers la salle des Pôvres |
Nicolas Rolin & L'Hôtel-Dieu : Une œuvre de miséricorde
par Didier Sécula
"Item volo et dispono fieri et ordinari in principali domo et prope cappellam ipsius bospitalis triginta lectos videlicet quindecim ex una parte dicte domus et quindecim ex alia [...] ."
De même, je veux et dispose qu'il soit établi et installé, dans le principal bâtiment et près de la chapelle dudit hôpital, trente lits, savoir quinze d'un côté dudit bâtiment et quinze de l'autre [...]»
(ACTE DE FONDATION DE L'HOTEL-DIEU DE BEAUNE, 4 AOÛT 1443).
En quelques mots, Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon. définissait ainsi la silhouette de l'hôpital qu'il fondait le 4 août 1443 pour le salut de son âme.

Pourquoi s'attarder sur ce seul bâtiment et ses trente lits, alors que l'établissement devait compter d'autres corps de logis et près de soixante-dix lits supplémentaires?
C'est sans doute parce qu'il concentrait en lui seul tout le sens que Rolin voulait donner à sa fondation qualifié ici de bâtiment principal, il apparaît dès 1446 sous le nom d'"Ospital", car il est l'hôpital proprement dit, celui qui sous un même toit rassemble les malades, images du Christ souffrant, et les hospitalières qui en ont la charge.
La Salle des Pôvres (46,5 x 13,4 m.) ne constitue en effet que les deux tiers du grand bâtiment (70,5 x 15,2 m. dimensions extérieures): selon une mise en œuvre assez traditionnelle dans l'architecture hospitalière médiévale, ce vaste volume associe salle des malades et chapelle, rappelant ainsi que l'accueil et les soins des plus pauvres sont fondés sur l'exercice des œuvres de miséricorde, expression de la charité évangélique, sanctionnée par le Jugement dernier Aussi ce thème était-il brillamment illustré par le polyptyque de Rogier van der Weyden qui trônait à l'origine dans la chapelle.
L'assimilation traditionnelle des malades à la personne du Christ, résumée au Moyen Age par la formule «Nos seigneurs les malades», semble avoir guidé la création d'un espace inspiré de la grande salle seigneuriale (aula) cumulant les deux fonctions d'apparat et de justice. En témoignent, d'une part, l'emploi de la charpente lambrissée qui a delà de ses avantages techniques, caractérise l'espace noble: elle offre ici un décor peint et sculpté - globalement respecté par les restaurations du XIX siècle - multipliant frises végétales, devises et armoiries de Nicolas Rolin, tout en renvoyant au décor de la fête médiévale (hommes sauvages, animaux de différentes espèces), d'autre part, la présence du Christ-Juge au chevet de la chapelle n'est pas sans rappeler celle du seigneur souverain et justicier, siégeant à l'extrémité de l'aula. Or, ce thème fondamental de la justice - celle des hommes et celle de Dieu - trouve un écho tout particulier dans le Beaune du XV siècle: la ville abritait en effet, à proximité de la collégiale Notre-Dame la salle du Parlement où se tenaient périodiquement les Grands Jours, organe judiciaire du duché de Bourgogne.

Ainsi la fondation de l'Hôtel-Dieu ne s'explique-t-elle pas seulement par l'espoir de Nicolas Rolin d'accéder à la vie éternelle: le juriste et avocat de formation agit également en tant que chancelier, chef de la justice ducale, donnant à la population beaunoise, durement touchée par les guerres et les épidémies autour de 1440 et qui s'était soulevée contre Philippe le Bon et Rolin lui-même, le signe de la sollicitude du duc.
Ainsi, le grand bâtiment sur rue est de l'Hôtel-Dieu la partie que Rolin voulait donner à voir: physiquement mis en avant, et occultant totalement les corps de logis sur cour, il devait exprimer aux yeux de tous le souci du prince pour le bien commun. À la qualité de la construction, inspirée de modèles prestigieux et témoignant de la noblesse et du pouvoir du chancelier, s'associait une volonté de présenter dès l'extérieur, dans un tout cohérent, les composantes essentielles de l'assistance médiévale: d'un côté, la salle des malades et la chapelle et, de l'autre, les espaces réservés aux hospitalières venues de Valenciennes, formant une seule et même communauté et affirmant l'efficacité de la fondation.

Christ de Pitié ou Christ Piteux
attribué à Jan BORMAN II
sculpture polychrome en chêne
fin XV siècle ou début XVI° siècle
Louvain ou Bruxelles ?
Hôtel-Dieu - Hospices Civils de Beaune Classé MH au titre objet le 11 juin 1970
Présenté exceptionnellement au niveau du sol, le Christ de Pitié est habituellement installé à 5 m de haut, au-dessus de la porte d'entrée de la salle des Pôvres.
Jésus est assis sur une pièce de bois, attendant d'être crucifié sur le Golgotha, lieu où se trouve le crâne d'Adam. Épuisé par le chemin de croix, le visage marqué par la souffrance, il est couronné d'épines, poignets et chevilles liés; son manteau a glissé en plis souples, une planchette à clous y est attachée.
Un poème de 1491 définit l'Hôtel-Dieu comme la maison des pauvres de Jésus-Christ, et se termine par la supplique: Jésus-Christ, piteux rédempteur, par ta pitié veuille repousser de cette maison tous les assauts de l'ennemi, afin que tu y sois servi et honoré.

Nicolas Rolin et Guigone de Salins
par Henri BOUCHARD
plâtre
daté et signé sur le socle: H. BOUCHARD 1912 Hôtel-Dieu-Hospices Civils de Beaune
Passionné par sa région natale et par les grandes figures qui ont marqué son histoire, le sculpteur Henri Bouchard (Dijon, 1875 Paris, 1960) s'est naturellement intéressé au couple de bienfaiteurs formé par Nicola Rolin et Guigone de Salins. En 1912, il présente son groupe sculpté en plâtre au Salon des artistes français : l'État s'en porte acquéreur, et passe commande pour une création en pierre de taille. La version monumentale, sculptée en pierre de Pouillenay rose, présente quelques variations; les 2 statues - Nicolas Rolin (1914) et Guigone de Salins (1923) - sont érigées sur un haut piédestal et déposées depuis les années 1920 dans la 2º cour de l'Hôtel-Dieu, dite cour des Fondateurs.
La version en plâtre diffère notamment pour la coiffure de Nicolas Rolin où il ressemble à un pharaon, ce qui est modifié pour la statue en pierre; de même le missel tenu par Guigone de Salins est remplacé par une bande de pansement pour témoigner de son rôle actif auprès des malades.
Ce groupe sculpté a été offert aux Hospices Civils de Beaune en 1942 par l'épouse du peintre beaunois Emile Goussery, décédé en 1941



Carreaux de sol ornés du monogramme et de la devise des fondateurs
par le tuilier Denisot JEOT terre cuite bicolore et glaçure plombifère 1448
Collection Hôtel-Dieu - Hospices Civils de Beaune
Les carreaux sont commandés à Denisot Jeot (ou Geot) de l'atelier d'Aubigny-en-Plaine en 1448; la livraison est effectuée à l'été 1450. Ils sont ornés des initiales Net G des fondateurs, et de la devise de Nicolas Rolin CEULE avec l'étoile à 6 branches répétée 4 fois, devise qu'il a adoptée près sa nomination au poste de chancelier en 1422.
Le chancelier fait par plusieurs de ses demeures du même type de pavement : château d'Authumes, château de Présilly, hôtel d'Autun ou hôtel de Dijon.
Les carreaux de sol commandés pour l'Hôtel-Dieu sont destinés à revêtir les salles de malades. Ils sont réalisés à l'aide des patrons sculptés par Jehannin Fouquerel sur le modèle de ceux de l'hôtel Rolin de Dijon produits vers 1440.

Au cours de sa longue vie, Nicolas Rolin participa à l'aventure des ducs de Bourgogne et aux événements qui marquèrent l'histoire de France au XV siècle. Son action diplomatique fut déterminante lors du traité d'Arras en 1435 qui mit fin à la Guerre de Cent ans.
Les carreaux de sol, les vitraux et les tentures ont conservé
- la devise galante de Nicolas Rolin à son épouse "Seulle" suivi d'une étoile,
- les branches de chêne, végétal du chancelier, symbole de force et de fidélité, associées aux lettres liées,
N et G. initiales des prénoms Nicolas et Guigone.

Guigone est la fille d'Etienne de Salins, seigneur de Poupet et de Louise de Rye, dame d'Ougney, dont le château protège Salins. Leurs armoiries sont formées d'une tour d'or crénelée sur fond d'azur.
Elle est la troisième épouse de Nicolas Rolin.
De cette union, célébrée en 1423, vont naître trois enfants: Antoine, Louise et Claudine. C'est vraisemblablement à l'occasion de leur mariage que Nicolas Rolin prend comme devise courtoise: le mot seule suivi d'une étoile.












"En la chapelle dudict hospital sont trois autels assavoir : le grant Hautel de pierre de marbre sur lequel a une table (en) plate peincture ou est le jugement et sur les buits de ladicte table, par debors sont les ymaiges de sainct Sébastien, de sainct Anthoine, ensemble les portraictures de furent mondict seigneur le chancellier et de madame Guigone de Salins."
Inventaire de 1501
Dans la chapelle de l'hôpital, il y a trois autels : le grand autel en pierre marbrière sur lequel repose le polyptyque du Jugement dernier. Sur les panneaux extérieurs sont représentées les figures de saint Sébastien et de saint Antoine ainsi que les portraits du chancelier et de Guigone de Salins.
La chapelle est intimement liée à la grande salle. Il fallait à la fois pourvoir au bien être de ceux qui souffraient mais aussi et avant tout assurer leur salut. La clôture en bois séparait les deux espaces dès l'origine, différenciant ainsi l'espace sacré de l'espace profane.
L'inventaire de 1501 atteste la richesse du décor de la chapelle primitive trois autels, au moins huit statues en pierre et de nombreux tableaux représentants des saints, un grand chandelier en cuivre à sept cierges...
A partir de 1820, la chapelle fait l'objet de travaux importants. Ils témoignent d'une volonté de conservation et de reconstitution des formes primitives. A cette époque, la chapelle revêtait un décor néoclassique : les murs étaient peints en faux marbre, un retable se dressait devant la grande verrière du chevet.
La restauration en est alors à ses balbutiements. Il n'ya pas encore de projet cohérent.
Maurice Ouradou travailla à redonner à la chapelle son aspect primitif. Il restitua le décor et le mobilier : stalles des sœurs, grille du sanctuaire, confessionnal, peintures murales...


La chapelle
Consacrée le 31 décembre 1451 (veille de l'arrivée des premiers malades), séparée de la Grande Salle des Pôvres par une clôture en bois restituée par Maurice Ouradou, la chapelle accueillait le chef-d'œuvre que le chancelier Rolin avait commandé à Rogier van der Weyden. Caché pendant la Révolution, le polyptyque fut définitivement déplacé lors de sa restauration par les ateliers du Louvre en 1875-1878, mais revint exceptionnellement à son emplacement d'origine à l'occasion de la visite du président Pompidou, le 29 octobre 1970. Si la verrière est aussi une création de Maurice Ouradou, le maître-autel en marbre est légèrement antérieur (sculpté par Étienne de Saptes en 1845, pour le 4º centenaire de la fondation de l'Hôtel-Dieu). Guigone de Salins, la veuve du chancelier Rolin, qui de l'iconoclasme révolutionnaire: de était inhumée à ses pieds, eut à souffrir même que les tableaux religieux ou les insignes de la royauté, ses ossements furent malmenés, puis inhumés de nouveau dans la chapelle.
Les verrières reconstituées portent les clés et la tour, armes respectives des familles Rolin et Salins





Plaque commémorative du Cardinal Jean Rolin, laiton taillé, inscriptions en lettres gothiques,1472
Il s'agit d'une plaque commémorant un don de 1.000 francs fait aux sœurs et aux malades de l'l'hôtel-Dieu en 1472 par le cardinal Jean Rolin (décédé en 1483) fils du fondateur Nicolas Rolin
REGISTRE SUPÉRIEUR Scène de la Crucifixion avec les âmes des larrons emportées.
l'une par un ange
l'autre par démon.
REGISTRE MEDIAN
Philippe le Bon,
duc de Bourgogne. agenouillé en donateur
son fils le futur Charles le Téméraire.
présentés par saint André, en face
Isabelle de Portugal.
la duchesse de Bourgogne et sainte Elisabeth de Hongrie an centre au pied de la croix :
sur le Golgotha figure le crane d'Adam
saint Jean, la Vierge, sainte Marthe (patronne des hospitalière)
sainte Marie-Madeleine (sa soeur).
REGISTRE INFÉRIEUR DE GAUCHE A DROITE
Nicolas Rolin
agenouillé en donateur
présenté par saint Nicolas.
une Vierge de pitié.
saint Antoine
Guigone de Salins
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La Cour d'Honneur Le puits |
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| Salle Saint-Hugues |
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| Salle Saint-Hugues |
La fondation de la salle Saint-Hugues
L'histoire de l'Hôtel-Dieu est marquée par les actes des bienfaiteurs qui ont accompagné les transformations majeures de l'institution hospitalière. Au XVIIe siècle, l'Hôtel-Dieu est toujours dans sa configuration médiévale, et l'espace vient à manquer pour recevoir les malades. Deux frères, Hugues Bétault († 1652) et Louis Bétault († après 1683), souhaitent répondre à cette problématique d'accueil: ils font plusieurs dons qui couvrent la création de deux nouvelles salles de soin dédiées à leur saint patron, les salles Saint-Hugues et Saint-Louis. Ils financent également chacun l'achat de 12 lits pour assurer leurs aménagements, et prévoient le règlement des frais d'entretien qui augmentent notablement avec 24 lits supplémentaires.
La salle Saint-Hugues est en fait la réunion de deux chambres : l'ancienne chambre Saint-Jean-Baptiste, petite chambre basse au rez-de-chaussée, et la chambre Notre-Dame à l'étage supérieur; elles étaient l'exemple de ces chambres, plus intimes et plus luxueuses, prévues pour les malades de condition. Lat actuel de la salle remonte à sa création par Hugues Bétault au XVIIe siècle pour répondre au besoin d'accueil croissant de l'institution. Deux sœurs, une confirmée et une novice, y dispensaient les soins de première nécessité, servaient les potions préparées dans l'apothicairerie, et veillaient aux régimes alimentaires. Jusqu'au XIXe siècle, les actes médicaux et les opérations étaient pratiqués dans la salle par les médecins et les chirurgiens.



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| Salle Saint-Hugues |
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| Salle Saint-Hugues |
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| Salle Saint-Hugues |
Les soins dans la salle Saint-Hugues
Le service de médecine hommes a fonctionné dans la salle Saint-Hugues jusqu'en 1971, avec le docteur Jacques Boissière comme chef de service. Et ce sont les pensionnaires de la maison de retraite qui occupent les lits jusqu'en 1984.
Dans la salle
Chaque malade disposait d'une table de nuit et d'une chaise en bois. Tous prenaient leur repas sur la grande table dans de la vaisselle de Gien portant l'inscription "Hostel-Dieu de Beaune"; un porte-plat en aluminium était utilisé pour le transport des gamelles de la cuisine aux salles de malades.
Les objets de soin que l'on peut apercevoir sont en métal émaillé ou en inox; ils étaient stérilisés dans des étuves.
La salle est garnie de lits mi-clos en chêne réalisés en 1942.
Première vitrine
Sont présentées des seringues en verre qui étaient équipées d'aiguilles de différentes tailles en fonction des injections. Elles étaient régulièrement affutées pour assurer une bonne pénétration, puis nettoyées après chaque utilisation, et enfin stérilisées dans des boîtes rondes équipées d'un plateau percé.
Quant à la petite boîte en aluminium, elle contient des produits utilisés par les médecins en cas d'urgence tels que l'adrénaline en cas d'arrêt cardiaque ou pour faire remonter la tension artérielle, l'huile camphrée pour désinfecter les plaies ou encore l'ergotine utilisée pour arrêter les saignements voire accélérer les accouchements.
Seconde vitrine
Est présenté dans son étui un appareil inventé dans la seconde moitié du XIXe siècle par le docteur Pierre Carle Potain (1825-1901), cardiologue français qui a été parmi les premiers à mesurer la pression artérielle. L' "aspirateur du Dr Potain" était utilisé pour évacuer le liquide pleural, liquides pathologiques accumulés de manière anormale dans les poumons. Une boîte contient des ampoules stériles de fils de suture. Une autre en chêne, plus raffinée, sert d'écrin au matériel d'auscultation d'ophtalmologie.
Le scarificateur pouvait être utilisé pour griffer la peau avant d'y poser des ventouses. Cette méthode appelée "ventouse scarifiée", en distinction de la "ventouse sèche", s'appliquait en cas de migraines ou de douleurs inflammatoires et articulaires.
Chaque malade disposait d'un thermomètre à mercure, installé dans un support métallique fixé au lit.
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| Salle Saint-Nicolas |
La visite de Louis XIV en 1658 eut une autre conséquence, bien plus tar-dive (en 1756): l'institution de deux infirmeries distinctes, l'une pour les femmes, l'autre pour les hommes. C'est de leur réunion que résulte cette salle, aménagée sous le Second Empire. C'est ici que l'on peut admirer la maquette de paille, réalisée par un patient vers 1740-1750 et qui servit notamment aux restaurateurs du début
du xx siècle pour concevoir les motifs en tuiles polychromes des toitures. Désaffectée en 1984 seulement (jusqu'à cette date, elle accueillit des personnes âgées), elle expose différents instruments qui résument l'art médical d'autrefois. En son centre, sous une dalle en verre, on voit couler la Bouzaise sous l'Hôtel-Dieu et qui servait de tout-à-l'égout.

LES FONDATEURS
Premiers bienfaiteurs de l'Hôtel-Dieu
Le 4 août 1443, Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins fondent l'Hôtel-Dieu de Beaune pour accueillir et soigner les « pôvres malades ». Il s'agit pour eux d'un acte de charité afin d'assurer le salut de leur âme et d'aider une population dans le besoin.
Nicolas Rolin (1376-1462), un fondateur puissant
Né dans une famille bourgeoise à Autun, Nicolas Rolin officie d'abord comme avocat du duc de Bourgogne Jean ler (Jean sans Peur) au Parlement de Paris. Il est nommé chancelier en 1422 par le duc Philippe le Bon, et fait chevalier en 1423. Grâce à cette charge, comparable à celle d'un premier ministre, il est l'un des personnages les plus puissants et les plus riches du duché de Bourgogne. Acteur majeur de la signature du traité d'Arras en 1435 marquant la réconciliation entre le roi de France Charles VII et le duc de Bourgogne Philippe le Bon, Nicolas Rolin s'affirme comme un prestigieux mécène et bâtisseur: édification en 1430 d'une chapelle Saint-Sébastien à Autun, fondation de l'Hôtel-Dieu en 1443 ou encore construction en 1446 d'une chapelle dans l'église du couvent des Célestins à Avignon.
Guigone de Salins (1403-1470), une dame charitable
Issue d'une famille aristocratique originaire de Salins-les-Bains, les seigneurs de Salins-la-Tour dans le Jura, la troisième épouse du chancelier Rolin est reconnue par tous comme une femme très pieuse. C'est elle qui insuffle à son époux l'idée de faire œuvre de charité en fondant un hôtel-Dieu pour les pauvres. À la mort de ce dernier, elle reste très investie dans le bon fonctionnement de l'Hôtel-Dieu; elle en devient la "patronne" un an avant sa mort, après une longue bataille juridique contre son beau-fils, le cardinal Rolin.
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| Salle Saint-Nicolas |
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| Salle Saint-Nicolas |
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| Salle Saint-Nicolas |
Portrait de Nicolas Rolin - peinture à l'huile sur toile, XVII siècle Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune - Inscrit monument historique le 16 décembre 2013
Portrait de Guigone de Salins ~ peinture à l'huile sur toile, XVII siècle Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune - Inscrit monument historique le 16 décembre 2013
Ces portraits des fondateurs réalisés pour l'Hôtel-Dieu témoignent de l'attachement porté à leur souvenir et à leur grand œuvre. Les deux tableaux sont des copies interprétées des portraits peints sur les volets extérieurs du retable du Jugement dernier. Le peintre a ajouté une vue de l'Hôtel-Dieu sur l'un, et sur l'autre, une Vierge de miséricorde abritant sous son manteau des sœurs hospitalières.
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Salle Saint-Nicolas Portrait de Guigone de Salins |
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Portrait de Nicolas Rolin Salle Saint-Nicolas |
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| Salle Saint-Nicolas |
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| Salle Saint-Nicolas |
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| Salle Saint-Nicolas |
Banc coffre tourné ~ chêne, milieu XV siècle, restauration fin XIXe siècle, provenance Beaune
Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune
Appelé "ban tormiz" dans l'inventaire du mobilier de 1501, ces bancs étaient placés devant les cheminées des salles. Le dossier formé d'une traverse mobile permettait de prendre les repas dos au feu sur une table dressée pour l'occasion, et, en dehors de ces moments, de se tenir face au feu.
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| Salle Saint-Nicolas |
Une excavation dans le sol permet de voir couler la Bouzaize. Ce cours d'eau assurait l'évacuation des déchets en aval, preuve du souci d'hygiène qui a présidé à la conception des bâtiment

Tuiles vernissées ~ terre cuite (rouge), engobe et glaçure, XVe siècle Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune
Les archives de l'Hôtel-Dieu attestent, dès sa construction, la présence de "tuiles plombées" provenant d'Aubigny-en-Plaine, probablement de l'atelier de Denisot Jeot qui était le fournisseur des carreaux de sol. Les tuiles d'argile étaient moulées dans des cadres en bois. Leurs faces étaient lissées pour permettre la pose de la glaçure. Autre particularité, le bord inférieur était taillé en biseau afin d'améliorer l'esthétique et de limiter les ombres portées. Après séchage, l'étape suivante était la pose de la glaçure, constituée d'un mélange de plomb, de sable, d'argile et d'oxydes métalliques broyés au mortier. Le fer pouvait générer toute une variété de jaune, le cuivre de vert. Cependant, il fallait interposer un engobe d'argile blanche. Le brun foncé était obtenu avec du cuivre, et le brun rouge nécessitait un mélange sans oxyde métallique. La couleur attendue se vitrifiait à la cuisson.
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Salle Saint-Nicolas A gauche au coin en haut : poste de surveillance A droite au coin en haut : des latrines |















Verrière macédoine composée de scènes religieuses et historiques
2ème moitié du 15° siècle et 1ère moitié du 16º siècle
Ce type de vitrail composé de fragments d'origines diverses disposés arbitrairement, est appelé macédoine. Cette verrière a été mise en plomb, en 1912, par Defrance et Thenot de Dijon. Elle est constituée de vestiges des anciens vitraux du 15ème siècle qui ornaient la chapelle de l'Hôtel-Dieu et de fragments du 16ème siècle d'origine inconnue, légués en 1892 par l'architecte dijonnais Albert Humbert. De haut en bas et de gauche à droite, les principales représentations: sainte Madeleine, scène avec un pape, scène avec un empereur, tête de la Vierge ou d'une sainte, Christ en croix, saint Michel, naissance de la Vierge, Annonciation, saint Christophe, Vierge à l'Enfant assise, Annonciation.
Inscrit Monuments Historiques 16/12/2013
Verre: grisaille, sanguine et jaune d'argent, vitrail

Vierge de pitié
Bourgogne
fin du 15ª ou début du 16ª siècle
Vierge tenant sur ses genoux le Christ que l'on vient de descendre de la croix.
inv. 87 GHD 547
Calcaire polychromé
Vierge à l'Enfant
Bourgogne, 15° siècle
Selon certains auteurs, cette Vierge à l'Enfant proviendrait de l'ancien couvent des Cordeliers, situé à proximité de l'Hôtel-Dieu.
inv. 87 GHD 276
Classé Monument historique le 10/07/1944
Calcaire polychromé
Vierge à l'Enfant assise
Bourgogne, 13 siècle
Elle a été trouvée dans la terre en un lieu appelé Lunule ou Luleune, entre la ferme de Baptault et Pommard; tout près se trouvait un ermitage qui existait encore en 1793.
Don de Mme Desfrères Chicotot aux sœurs hospitalières le 13 juillet 1867. inv. 87 GHD 309
Classé Monument historique le 26/06/1957 Bois recouvert de toile peinte
Vierge à l'Enfant
Bourgogne, 15° siècle
inv. 87 GHD 278
Classé Monument historique le 10/04/1944
Calcaire polychromé
Vierge à l'Enfant
Bourgogne, 1ère moitié du 15º siècle
La Vierge, légèrement hanchée, est enveloppée dans un ample voile manteau qui accentue l'élargissement de la silhouette au niveau des hanches. C'est un type de figure cher aux ateliers dijonnais de la première moitié du 15º siècle.
Classé Monument historique le10/07/1944
Calcaire polychromé

Vierge à l'Enfant entre deux anges
14 ème siècle
Vierge à l'Enfant entre deux anges céroféraires porteurs de cierges) présentés sous une arcade trilobée. Légué en 1892 par Albert Humbert, architecte à Dijon.
Classé Monument historique le 10/07/1944
Ivoire
Calvaire
14ème siècle
Crucifixion entre Marie et saint Jean avec les saintes Femmes, saint Joseph d'Arimathie et saint Nicodème. La scène est représentée sous des arcatures. Légué en 1892 par Albert Humbert, architecte à Dijon.
Classé Monument historique le 10/07/1944
Ivoire
Baiser de paix
Fin du 15º ou début du 16º siècle
La scène figurée représente la flagellation du Christ. Le baiser de paix circulait durant les offices religieux se transmettait et chacun le baisait pour symboliser l'échange du baiser de paix. Légué en 1892 par Albert Humbert, architecte à Dijon.
Classé Monument historique le 10/07/1944
Ivoire (traces de polychromie)

SAINT ANTOINE ERMITE
Troisième quart du XVe siècle
Calcaire polychromé
Nicolas Rolin avait primitivement nommé la chapelle de l'Hôtel-Dieu sous le vocable de Saint-Antoine. L'une des sentences inscrites sur le livre « si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez et donnez-le aux pauvres, Mathieu XIX.21 » évoque l'engagement que pris Nicolas Rolin de consacrer une partie de sa fortune aux pauvres pour son salut.
Beaune, Musée de l'Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune
Tenture de saint Antoine
Troisième quart du XVe siècle
Elle décorait les sièges de célébrants se trouvant près de l'autel dans la chapelle. Sur fond rouge, la devise du chancelier alterne avec un rang de tourterelles et les initiales enlacées des fondateurs; au centre et aux quatre angles, des écus aux armes de Guigone de Salins.
classée Monument historique le 23/06/1943
Laine, filet or et argent dans auréole
Tenture de saint Eloi
Flandre, début du XVIe siècle
Tapisserie dite aux mille fleurs composée de quatre fragments assemblés : à gauche une femme assise, personnage profane; au centre une Vierge à l'Enfant et devant elle un personnage agenouillé tenant un cheval à la jambe coupée, représentant vraisemblablement saint Eloi repenti; à droite saint Fiacre, patron des jardiniers. Le fond avec ses fleurs multicolores et ses multiples animaux unifie T'ensemble.
Classée Monument historique le 7/10/1944
Laine, tapisserie
sur métier; 144,5 x 759 cm
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| Tenture de saint Eloi, détail |
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| Tenture de saint Eloi, détail |
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| Tenture de saint Eloi, détail |
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| Tenture de saint Eloi, détail |
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| Tenture de saint Eloi, détail |
Nicolas Rolin a créé des fondations pieuses qui sont les fruits de sa carrière politique et de son ascension sociale. Nommé chancelier en 1422 par Philippe le Bon, il occupe la fonction la mieux rémunérée de l'administration ducale lui permettant aussi d'obtenir des dons, des contacts avec des personnes influentes et d'en faire un témoin privilégié des nouveautés picturales élaborées en Flandres à l'occasion de ses voyages d'affaires.
Par ses nombreuses fondations, le chancelier obéit à une aspiration propre au Moyen Âge : la richesse est considérée comme entrainant une obligation d'ostentation et de largesse. Parvenu à un haut niveau de fortune, Nicolas Rolin se devait de faire resplendir cette fortune et de faire appel aux artistes les plus prestigieux pour ses fondations. S'ajoute à ce devoir social une préoccupation religieuse, celle d'assurer son salut: toutes les fondations du chancelier ont en commun la charité, l'augmentation du service de Dieu ou la célébration de messes commémoratives. En témoignant de sa dévotion, elles avaient pour but de servir le salut de son âme et de sa famille au-delà de leur mort.
Pour être mieux entendu par Dieu, le chancelier rend aussi hommage aux saints et à la Vierge. Cette vénération apparaît notamment avec le tableau de Jan van Eyck (1390/1395-1441), La Vierge au chancelier Rolin, commandé pour l'église Notre-Dame-du-Châtel d'Autun, conservé au Musée du Louvre. Nicolas Rolin est représenté en priant devant la Vierge Marie tel un fidèle suppliant le salut de son âme.
Le polyptyque du Jugement dernier exprime, quant à lui, l'espoir du chancelier que la fondation de l'Hôtel-Dieu soit reconnue par Dieu comme une œuvre pieuse permettant de racheter ses péchés. Lorsqu'il fonde l'institution avec sa troisième épouse Guigone de Salins, il décide de la doter d'un retable mental à leurs effigies. Ils passent commande à un peintre très prisé de l'aristocratie bourguignonne, Rogier van der Weyden (1399-1464), peintre officiel de la ville de Bruxelles. Les fondateurs sont représentes sur les faces extérieures des volets, dans des niches, à genoux et en prière devant les statues de saint Sébastien et saint Antoine. Ils sont formellement identifiés par leur armoiries et par la première mention connue du retable dans l'inventaire des biens de l'Hôtel-Dieu de 1501: "Une table en plate poincture ou est le jugement. Et sur les huit [volets] de ladite table par dehors sont les ymaiges de saint Sébastien, de saint Anthoine ensembles les portraictures dessus dites de feurent mondit seigneur le chancellire et de madame Guigone de Salins, sa femme."

LE POLYPTYQUE DU JUGEMENT DERNIER
Rogier Van der Weyden (Tournai, 1399 ou 1400 / Bruxelles, 1464)
peinture à l'huile sur panneaux de chêne réalisée entre 1443 et 1451
polyptyque ouvert: 220cm < 548 cm - polytyque fermé : 220 cm x 274 cm
Hôtel-Dieu, Hospices Civils de Beaune - inv. 87 GHD 299 - Classé monument historique au titre objet en 1891
Le retable du Jugement dernier de l'Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune était autrefois placé au-dessus de l'autel de marbre blanc dans la chapelle de la salle des Pôvres et aujourd'hui présenté dans une salle spécialement aménagée pour sa conservation. Ce polyptyque, composé de neuf panneaux de chêne dont six étaient peints sur les deux faces, est le plus grand des retables peints par Rogier van der Weyden et le chef-d'œuvre de sa maturité ; c'est aussi la donation majeure de Nicolas Rolin à sa fondation beaunoise. Aucun document concernant la commande de cette œuvre n'a été retrouvé, mais il est probable qu'elle ait été mise en place lors de la consécration de la chapelle le 31 décembre 1451, ce qui permet de situer sa réalisation entre cette date et 1443, année de la fondation. Le fait que le chancelier ait fait appel au peintre en titre de la Ville de Bruxelles, où il séjourna fréquemment avec la cour ducale, n'est pas fortuit. Le recours à un peintre flamand prestigieux témoigne en outre de son souci d'affirmer le statut social privilégié que lui confère un récent anoblissement. [...]
La richesse et la beauté du coloris animent une composition claire et hiérarchisée, où la cour céleste occupe une place prépondérante et d'où les démons sont curieusement absents. La scène s'ordonne autour du panneau central, dominé par la majestueuse figure du Christ ressuscité, drapé dans un manteau écarlate et trônant sur un arc-en-ciel; ses pieds sont posés sur le globe du monde et ses plaies ont l'aspect de rubis. De part et d'autre, quatre anges vêtus de blanc présentent les instruments de la Passion. Comme le Christ, la cour céleste se détache sur un fond d'or bordé de nuées pourpres évoquant la lumière éternelle, Au premier plan, la Vierge et saint Jean-Baptiste intercèdent, mains jointes, auprès du juste Juge; derrière eux les apôtres sont assis en demi-cercle, accompagnés de saints et de saintes. Au registre inférieur du panneau central et dans le même axe vertical, l'archange saint Michel, en aube et chape de brocard, reproduit l'attitude du Christ dans un parallélisme tout à fait original. Entouré de quatre anges buccinateurs appelant les morts au jugement, il tient une balance aux plateaux chargés de deux petits personnages symbolisant les vertus, du côté ascendant, et les péchés, qui inclinent le fléau vers le bas. Aux pieds de l'archange, les morts surgissent de la terre : à sa gauche, les damnés, courbés et grimaçants, marchent sur un sol crevassé et se précipitent en désordre dans le gouffre et les flammes de l'enfer, tandis qu'à sa droite, les élus se redressent et s'acheminent, sur un sol semé de fleurs, vers la porte dorée du paradis.
Bien adapté à un hôpital, lieu où la question des fins dernières et de l'au-delà revêt une acuité toute particulière, le thème du Jugement dernier manifeste le triomphe du Christ sur la mort et la promesse de la vision béatifique, mais aussi l'idée du jugement associé aux œuvres de miséricorde. [...]
Extraits du texte d'Élisabeth Réveillon, conservatrice honoraire du patrimoine in L'Hôtel-Dieu de Beaune Somogy 2005 p 68 et 72
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| Le retable ouvert |
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| Le retable fermé |
Lors de la restauration effectuée dans les ateliers du Louvre entre 1875 et 1878, les panneaux des volets mobiles furent sciés dans l'épaisseur pour permettre d'admirer les 2 faces du polyptyque en même temps. C'est le polyptyque fermé que vous pouvez admirer ici, tel que le voyaient les malades depuis leurs lits.
Sur cette face du retable, le fondateur de l'Hôtel-Dieu et son épouse sont agenouillés en prière devant les saints que chacun vénère : saint Sébastien pour Nicolas Rolin et saint Antoine pour Guigone de Salins. Le chancelier du duc de Bourgogne affirme, par ailleurs, son statut social en faisant représenter son écu et son heaume. Les 2 panneaux supérieurs illustrent le thème de l'Annonciation avec l'archange Gabriel qui annonce à Marie sa maternité divine.
Avant de peindre les sujets ou motifs sur bois, une préparation blanche était appliquée sur les panneaux afin d'obtenir une surface lisse. L'artiste réalisait alors un dessin, plus ou moins détaillé. L'ensemble était ensuite recouvert d'une couche d'huile transparente appelée couche d'isolation. Le peintre appliquait alors ses couleurs en variant le nombre de couches selon qu'il souhaitait un rendu clair ou foncé sur les parties de son tableau.
SCÈNE DE L'ANNONCIATION
La composition est traditionnelle; elle se développe sur 2 panneaux.
Marie lit une prophétie d'Isaïe lorsque l'archange Gabriel vient lui annoncer: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Saint Luc, 30-31 Derrière Marie, une branche de lys symbolise sa virginité tandis que la colombe renvoie à l'Esprit Saint. Cette scène est là pour rappeler aux malades installés dans la salle des Pôvres la venue du Christ, sauveur des maux de l'humanité.
NICOLAS ROLIN (Autun, 1376-1462)
Chancelier du duc de Bourgogne pendant 40 ans, mécène et bâtisseur, il possède de nombreuses seigneuries. La Vierge au chancelier Rolin, peinte par Jan van Eyck et conservée au musée du Louvre, rappelle la composition du panneau de Beaune. Quant au séraphin rouge qui porte ses armoiries, c'est un esprit céleste de la première hiérarchie des anges, reflet de la position élevée de Nicolas Rolin dans le duché de Bourgogne.
SAINT SÉBASTIEN
Officier de la garde impériale au III siècle à Rome, Sébastien revendique sa foi chrétienne. Il est arrêté et condamné à mourir le corps transpercé de flèches Saint patron des archers, il est vénéré par Nicolas Rolin. Selon une croyance antique, il est invoqué pour parer les flèches porteuses de la peste décochées par une divinité.
SAINT ANTOINE le Grand
Retiré dans le désert égyptien, Antoine est tenté maintes fois par le diable, qui prend notamment les traits d'un sanglier.
Considéré comme le père du monachisme chrétien, il est vénéré par Guigone de Salins.
Il est invoqué contre la peste, la lèpre et le mal des ardents dit aussi feu de saint Antoine ou encore ergotisme.
GUIGONE DE SALINS (Salins, 1403 - Beaune, 1470)
En 1423, elle épouse Nicolas Rolin. Veuve en 1462, elle se met au service des pauvres en devenant dame hospitalière à l'Hôtel-Dieu où elle repose dans la chapelle. Sur son écu, sont représentés la tour -armes de sa famille et les clefs armes des Rolin.



Parement d'autel de l'Agneau Mystique Entre 1462 et 1470
Cette tapisserie présentant un thème très fréquent au XVe siècle, est une allusion au vocable de l'Hôtel-Dieu. L'Agneau, attribut de saint Jean-Baptiste, est placé devant les instruments de la Passion. Son sang recueilli dans un calice, commémore le sacrifice du Christ dans le sacrement de l'Eucharistie. Le fond est constitué de clefs et de tours alternées, meubles des armoiries des Rolin et des Salins.
Saint Jean-Baptiste
Deuxième moitié du XVe siècle
Ce saint mène une vie ascétique et annonce la venue de Jésus qu'il désigne par la figure de l'Agneau.
En 1452, à la demande de Nicolas Rolin, le pape Nicolas V substitua le vocable de Saint-Jean-Baptiste à celui de Saint-Antoine, afin de garantir l'Hôtel-Dieu des éventuelles revendications des monastères placés sous le même vocable.
Calcaire polychrome
Voici la vidéo de la visite des hospices de Beaune, un clic ci-dessous, possibilité d'agrandir en cliquant sur le petit carré à droite après avoir démarré la vidéo (flèche) :
La maison du colombier à Beaune
La Maison du Colombier est un hôtel particulier de style médiéval du XVIe siècle avec échauguette, et tour octogonale à toiture en tuile vernissée de Bourgogne Cet hôtel particulier est construit en 1572, à l’intérieur des remparts de l'ancien château-fort de Beaune des XV éme siècle et XVI ème siècle, à l'époque du duché de Bourgogne du roi Charles IX, dans le centre historique de Beaune, en face de la basilique Notre-Dame (XII ème siècle) et à deux pas des Hospices (XV ème siècle) et de l'Hôtel des ducs de Bourgogne & Musée du vin de Bourgogne (XIV ème siècle). Source : Wikipédia
La collégiale Notre Dame de Beaune
La basilique collégiale Notre-Dame de Beaune fait partie des dernières grandes églises romanes de Bourgogne. Sa construction fut entreprise au milieu du XIIe siècle sur le modèle clunisien et fut achevée au début du siècle suivant en conservant une remarquable unité stylistique.
Elle cache de nombreux trésors.
Lien vers un blog dont l'auteur a pu photographer de près :
La moutarderie Fallot
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| Une rivière coule sous la moutarderie Fallot : La Bouzaise |