Notre entrée sur le site de l'ancienne Abbaye de Landévennec.
Oh là, quelle vue vers l'intérieur de l'église romane !
Notre guide est arrivé, nous commençons la visite par quelques explications sur le jardin potager et le jardin médicinal.
Au pied des ruines de l’Ancienne abbaye, nous découvrons un jardin potager et un jardin médicinal dans lesquels sont rassemblés une centaine de plantes qui étaient utilisées dans les monastères du haut Moyen Age.
La présence d’une nappe d’eau souterraine, sous le site archéologique de l’Ancienne abbaye, a permis de conserver des graines et des fruits datant des 7ème au 13ème siècles. Les scientifiques ont pu établir la liste d’une centaine de plantes qui se trouvaient dans l’environnement du monastère à cette période.
La découverte de traces de Pêcher, de Vigne ou d’Aneth invitent à penser que, très tôt, les moines de Landévennec possédaient un jardin et un verger. L’étude des textes sur les plantes écrits au Moyen Age a permis de vérifier l’utilisation des plantes identifiées par les scientifiques et de la compléter par d’autres plantes utilisées à cette période.
C’est au total environ 110 plantes que les visiteurs peuvent découvrir dans le jardin potager et le jardin médicinal. Créé en 2008 comme un jardin des « environs de l’an mil », il se concentre depuis 2014 sur le 9ème siècle. A cette époque, la science médicale vit un petit âge d’or dans les monastères.


De l'archéologie au jardinage
L'analyse des sols de la cuisine et du réfectoire de l'abbaye, pour la période 7ème -13ème siècle, montre que les moines ont très tôt pratiqué le jardinage et l'horticulture. Les archéobotanistes identifient ainsi des arbres fruitiers, des céréales, des plantes aromatiques, potagères et médicinales. Autour de l'an mil, les textes traitant des plantes sont de plus en plus nombreux: il s'agit de livres de médecine, d'encyclopédies, de simples listes ou parfois de poèmes sur les plantes ou le travail des champs. Ils reprennent pour la plupart les auteurs de l'Antiquité gréco-romaine, Dioscoride, Galien, Pline l'Ancien... qui inspireront la médecine médiévale arabe et européenne.
Les ardoises du jardin de simples citent quelques utilisations médicales, principalement tirées de l'Herbier dit du Pseudo- Apulée. Daté du 4º siècle, écrit en latin, ce texte connaît un grand succès pendant tout le Moyen-Âge.
Le guide (un excellent guide !) nous décrit les différents niveaux et les superpositions des constructions en "mille-feuille"
Cloître 9ème -17ème siècles
Au cœur du monastère se trouve le cloître qui assure la distribution entre les bâtiments. Il s'agit d'un espace clos, réservé aux moines et entouré d'une galerie couverte. Plusieurs cloîtres construits les uns sur les autres ont été mis à jour par les fouilles.
Au 9 siècle (A), c'est une simple cour, encore ouverte sur un côté.
Au 11ème siècle, il s'agit d'un véritable cloître aux colonnes en bois (B) fermé par l'aile ouest.
Au 13ème siècle, le cloître est entièrement reconstruit; de colonnettes en pierre de Caen surmontent un mur bahut (C) dont il ne reste que le soubassement.
L'ensemble est à nouveau réaménagé au 15ème siècle (D) avec des colonnes en granit, visibles dans le musée.
Au 17ème siècle (E), il est considérablement agrandi par le côté sud, recouvrant alors les anciens bâtiments.
Vers l'an 850, époque de l'Abbaye Carolingienne, la partie vers la gauche de la photo au 1er plan se situaient la cuisine et le réfectoire.
Vers l'an 850, époque de l'Abbaye carolingienne, les espaces représentés sur les deux photos ci-dessus c'était la salle de vie communautaire.
Fortifications, 9ème et 13ème siècles.
Au delà des fortifications, le potager et la vue est magnifique !
Réfectoire, 17ème siècle.
À cette période, le 'réfectoire d'origine est déplacé dans le prolongement de l'aile est, face à la mer. Les repas sont pris en silence, un moine est désigné pour faire la lecture depuis une chaire. À l'entrée, on peut encore voir le lavabo et l'escalier qui mène à la cave.
Salle des hôtes, 17ème siècle.
La fonction de cette pièce ne nous est véritablement connue que pour le 17º siècle. Elle sert alors de salle de repas aux hôtes de l'abbaye. Sa cheminée, en partie conservée derrière vous, rend compte du niveau du rez-de-chaussée à cette époque. Une cave occupe alors le sous-sol, l'étage accueille le dortoir. La première construction de cette aile est bien antérieure au 17º siècle. Elle a subi des rehaussements et des agrandissements successifs, comme en témoigne la base de ce mur du 9e siècle (A) et ceux qui lui ont succédé, datés du 15ème et 17ème siècles (B). Au sol, une canalisation indique le tracé originel du ruisseau qui existait dès la fondation du monastère dans un relief beaucoup plus vallonné.
Fortifications, 9ème et 13ème siècles.
À Landévennec, le danger vient principalement de la mer. Pour se protéger des attaques et des pillages, l'abbaye est défendue. Au 9ème siècle, le monastère est entouré de murailles qui servent de fondations à celles du 13ème siècle, auxquelles on rajoute une douzaine de tours semi- circulaires (on aperçoit la base de l'une d'elles). Les murailles sont finalement abattues au 17ème siècle.
La salle du Chapitre, 9ème - 17ème siècles.
On aperçoit nettement au centre de la photo les deux fosses funéraires.
La salle du chapitre est un lieu de réunion où les moines bénédictins lisent chaque jour un chapitre de la Règle de saint Benoît et discutent des affaires relatives à la vie religieuse ou à la vie matérielle de la communauté. Mise à jour lors des fouilles, la salle du chapitre de Landévennec peut être, datée du 9º siècle, c'est l'une des plus anciennes qui soit attestée par l'archéologie. Au sol se trouvent deux fosses funéraires alignées datant des 12ème et 13ème siècles. La présence d'un tau (bâton pastoral en forme de "T") dans l'une d'elle indique que des abbés y ont été inhumés. Ce tau en os est aujourd'hui présenté dans le musée.
Puis on s'achemine vers la sortie, à droite sur la photo.
Vue de l'extérieur.
Notre groupe se dirige vers l'oratoire
Oratoire, 5 - 6 ème siècle, vue de son côté droit
À cet emplacement se trouvent les vestiges de l'oratoire primitif, aujourd'hui réenfouis. C'est autour de cette première chapelle dédiée aux reliques de saint Guénolé que se développe la construction de l'abbaye. Après le déplacement de la tombe du saint dans l'église à l'époque carolingienne, cet espace a plusieurs fois changé de fonction (une buanderie au 17ème siècle).
Oratoire, 5 - 6 ème siècle, vue de son côté gauche.
A gauche on aperçoit l'une des grilles du tombeau ou "mausolée du roi Gradlon"
Tombeau ou "mausolée du roi Gradlon".
La tradition veut que le mythique roi de Cornouaille, contemporain de saint Guénolé, ait été inhumé à cet endroit. Le cartulaire de Landévennec (11ème) attribue des donations à un personnage du même nom. Ce bâtiment de prestige et la tombe qu'il contenait, sont postérieurs à la reconstruction de l'église au 11ème siècle.
Le chœur de l'église, 9ème et 11ème siècles
Le chœur est la partie de l'église, réservée au clergé, où se trouve le maître-autel. Les murs enduits de rouge forment le soubassement d'une estrade en bois abritant la tombe de saint Guénolé au 9º siècle (derrière la poutre). Par-dessus, se dresse le chœur roman du 11ª siècle avec un déambulatoire en demi-cercle et trois chapelles "rayonnantes".
Statue de saint Guénolé 16ème siècle.
Statue en pierre de Kersanton réalisée à la demande de l'abbé Jehan du Vieux-Chastel, dont le gisant est conservé au musée.
Les murs enduits de rouge forment le soubassement d'une estrade en bois abritant la tombe de saint Guénolé au 9º siècle (derrière la poutre).
La nef de l'église romane 11ème siècle.
En l'an Mil, la nouvelle église est rebâtie dans le style roman. Elle englobe alors la précédente église carolingienne et prend la forme d'une croix latine. La nef, espace réservé aux fidèles qui assistent aux offices, est considérablement agrandie vers l'Ouest. Elle se compose de six travées délimitées par quatorze piliers flanqués de colonnettes. Au 19e siècle, le comte de Chalus, propriétaire du site, transforme l'église en ruine en jardin exotique et fait reconstruire les piliers. Les motifs sculptés en forme d'ancre de marine, d'hermine ou de croissants de lune datent de cette période.
Vue de l'église vers le chœur et la nef
L'entrée de l'église carolingienne 9ème siècle
Suite à l'adoption de la règle de saint Benoît en 818, l'église est construite selon un plan basilical "à l'antique" c'est-à-dire rectangulaire. Le porche d'entrée, au premier plan, abrite deux chapelles, détruites plus tard par l'installation des piliers romans (11). Trois grands sarcophages de bois ont été découverts dans la chapelle nord. L'un d'eux a été conservé, il est présenté dans le musée. L'enfeu (niche funéraire), aujourd'hui visible dans le mur nord mais au niveau de sol du 11 siècle, indique la persistance de cette pratique d'inhumation de personnages importants dans cet espace.
Entrée de l'église carolingienne, 12 ème siècle.
Vue vers le chœur en étant à l'entrée de l'église (partie carolingienne).
Vue de l'extérieur de l'église, nous sommes sortis par la porte qui se trouve vers la gauche de photo.
Quelques plans à différentes époques
L'Abbaye au XVIIème siècle
Par Michel Germain/ Achille Peigné-Delacourt — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11294586
Extrait de "Info Bretagne" ; l'ancienne abbaye de Landévennec en 2008
Nous avons quitté le site de l'ancienne Abbaye, nous sommes attendus au musée pour une visite commentée.
La visite commentée du musée
Nous sommes accueillis par cinq statues de saint Guénolé !
Le culte de Saint Gwennolé
Centré autour de la Cornouaille, le culte de Saint Gwennolé se répand jusqu'à Batz en Guérande, territoire que le duc Alain Barbetorte attribua à l'abbé Jean de Landévennec vers 945, en témoignage de reconnaissance, une fois la Bretagne libérée du joug normand, et qui devient prieuré de l'abbaye. Hormis à Landévennec même et à Montreuil où le nom du saint a évolué à partir de sa forme primitive Winwaloe (Pénity de Saint- Vallée à Landévennec, Saint-Walloy à Montreuil), les formes qu'a pris son nom par ailleurs témoignent d'une diffusion plus tardive: Guingualoeus a donné Guénolé, Grimolay, Guignolet, Guingalois, Guingaloué, Guingalan, Ginglin... On peut associer cette extension du culte du saint à celle que les moines donnèrent progressivement sur le plan territorial à leur domaine lui-même, la carte de son culte en Cornouaille en tout cas se calque en partie sur celle des possessions de l'abbaye
Le nom de Landévennec et le culte du saint initiateur
On ne connaît du Saint initiateur de la vie monastique à Landévennec que ce que nous en a transmis la tradition orale sur le mode hagiographique vers le milieu du Xème siècle. Deux moines, Clément et Wrdisten l'ont transcrite. Mais la trace la plus certaine de l'existence de Gwennolé réside dans son nom même, appliqué au monastère qui, depuis quinze siècles, est installé au débouché de l'Aulne. Landévennec, Lan-towinnoc, le monastère de Winnoc. Son culte est célébré aux dates commémoratives de sa mort (dies natalis), le 3 mars, et du transfert de ses reliques le 28 avril L'exode des moines devant les invasions normandes le diffusera au long des chemins de l'exil, Pierric, en Loire-Atlantique, Château du Loir, dans la Sarthe, Auville, en Normandie, Montreuil enfin, dans le Nord, ont adopté le saint moine. On le retrouve à Exeter et Winchester el trois paroisses de Cornouaille anglaise portent son nom: Landewednack, To wednack, Gunwaloe, résultante des contacts établis par l'abbé Jean de Landévennec avec Athelstan et son protégé Alain Barbetorte. En Bretagne même, le culte se diffusera autour des possessions de l'abbaye et Saint Gwennolé se verra reconnaître par le peuple des vertus de thaumaturge: il aide à la fécondité des femmes, I donne de la force aux enfants et les aide à marcher, il guérit les verrues et névralgies... Un florilège de statuaire, de vitraux, de cantiques en témoigne. Saint Gwennolé est représenté, soit en simple moine, soit en abbé. mitré ou non, portant le livre de la règle monastique. La crosse deviendra un attribut courant par la suite. Au XVème siècle se répandra la figure du moine mauriste en large coule noire.

Sainte Gwenn dite "Teir bronn" (reproduction)
Chapelle Saint -Venec, Briec (Finistère)
Pierre de Kersanton, fin XVIème siècle
La restitution des couleurs s'appuie sur l'étude des traces de polychromie préservées sur l'original. Selon, la Vie de saint Guénolé, un texte rédigé au IXème siècle, Guénolé était le fils de Fracan et de Gwenn, venus en Armorique depuis les Cornouailles britanniques. Selon l'auteur, le couple eut trois garçons : Guéthenoc, Jacob (ou Jacut), et Guénolé. Leur mère, sainte Gwenn, était dite "aux trois mamelles" parce qu'elle avait trois seins, conformément au nombre de ses fils.
LA DESTRUCTION DE 913.
En 913, le monastère subit une attaque viking. La communauté quitte Landévennec pendant une vingtaine d'années.
Les bâtiments construits dans le courant du IXème siècle subissent une série de dommages : certains murs sont détruits, notamment dans le secteur des fortifications; un incendie touche l'église et les bâtiments conventuels; et les constructions subissent une dégradation générale liée à leur abandon. Au retour de la communauté, la reconstruction se limite à la "restauration" des anciens bâtiments. Les maçonneries détruites sont refaites, de même que les sols et les enduits.
Carrelage Terre cuite, Xème siècle Site de l'Ancienne abbaye, Landévennec Ce carrelage, qui couvrait l'avant-chœur de l'église, fait partie des rénovations réalisées après le retour des moines. L'ensemble est entièrement constitué d'éléments provenant de bâtiments gallo-romains, sans doute endommagés lors du séjour des Vikings à Landévennec. A l'état de ruines, ils auraient dès lors servi de "réserve" de matière première. Les carreaux sont des briques de piles qui servaient à surélever le plancher dans un système d'hypocauste (chauffage par le sol). Les motifs intermédiaires sont fabriqués notamment à partir de tuiles plates (tegulae) retaillées. Une décoration supplémentaire, constituée de galets insérés entre les carreaux, a été ajoutée dans la partie du dallage qui était la plus proche du Chœur.
Archéologues: A. Bardel & R. Pérennec - Restauration: l'Institut Armoricain de recherches historiques de l'Université Rennes II
LA RECONSTRUCTION DU XI SIÈCLE
A partir des années 1025-1030, l'abbaye connaît une série de travaux qui aboutissent à sa complète reconstruction. L'église du XIème siècle est construite au-dessus des fondations de l'église du IXème siècle. Elle est cependant considérablement allongée. Du côté de la mer, à l'Est, elle est dotée d'une abside en demi-cercle, flanquée de trois petites chapelles arrondies (les "chapelles rayonnantes"). Un nouveau "transept" lui donne l'aspect d'une croix latine. Si les bâtiments conventuels ont été reconstruits à plusieurs reprises après le XIème siècle, l'église a conservé cette structure jusqu'à la Révolution. Les ruines de l'église abbatiale datent pour l'essentiel de cette période.
Sarcophage Bois (chêne), vers 870
Site de l'Ancienne abbaye, Landévennec.
Mis au jour dans une chapelle funéraire aménagée dans le porche de l'église du IX siècle, ce sarcophage appartenait à une personne jouissant d'un statut privilégié, peut-être un bienfaiteur du monastère.
Archéologues : A. Bardel (UMR CNRS 6566) & R. Pérennec (Conseil départemental du Finistère)
LE BOIS "GORGÉ D'EAU"
La découverte d'objets en bois de cette dimension est rare en archéologie. Sur le site de l'Ancienne abbaye, des sols de nature argileuse et la présence d'eau souterraine ont créé un milieu pauvre en oxygène, ce qui a limité le développement des organismes susceptibles de dégrader le bois. Si une dégradation rapide a été évitée, un autre processus, plus lent, a affaibli le matériau. Le séjour prolongé dans l'eau (plus de 1000 ans !) a progressivement dégradé la « cellulose », un des principaux constituant de la paroi des cellules végétales. Exposés à l'air et séchés brutalement, les bois archéologiques "gorgés d'eau" perdent très rapidement leur forme s'ils ne font pas l'objet d'un traitement de stabilisation.
Les quatre Évangélistes et le Christ Évangéliaire dit "Harkness Gospels" (reproduction)
Deuxième moitié du IXème siècle, produit à Landévennec Au centre le Christ en gloire tient la palme de la victoire et le Livre. II est entouré des quatre Évangélistes représentés sous une forme à la fois humaine et animale.
Original, pezh orin, original: The New York Public Library, MA 115, р. 26-27
Représentation de saint Matthieu Evangéliaire, dit "Evangéliaire de Léofric" (reproduction)
Fin IX - déb. Xème siècle, produit à Landévennec.
Assis devant un pupitre, Matthieu tient dans sa main droite un calame (roseau taillé en pointe) lui servant à écrire, et dans sa main gauche un couteau, pour tailler le calame et gratter le parchemin. Original, pezh orin, original: University of Oxford, Bodleian Library, MS Auct. D. 2.16, fº 28v - 29r
Représentation de saint Luc Evangéliaire, dit « Evangéliaire de Léofric » (reproduction)
Fin IX - déb. Xème siècle, produit à Landévennec.
Original, pezh orin, original: University of Oxford, Bodleian Library, MS Auct. D. 2.16, f° 101v - 102
Représentation de saint Luc Évangéliaire (reproduction)
908-909, Bretagne (Landévennec?)
Original, pezh orin, original: Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, MS 960, f° 71v-72
Représentation de saint Luc Évangéliaire dit "Harkness Gospels" (reproduction)
Deuxième moitié du IXème siècle, produit à Landévennec.
Original, pezh orin, original: The New York Public Library, MA 115, p. 75-76
Représentation de saint Jean Évangéliaire dit "Harkness Gospels" (reproduction).
Deuxième moitié du IXème siècle, produit à Landévennec.
Original, pezh orin, original: The New York Public Library, MA 115, р. 115 - 116
Représentation de saint Jean Évangéliaire (reproduction).
908-909, Bretagne (Landévennec?)
Original, pezh orin, original: Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, MS 960P 108
Représentation de saint Marc Evangéliaire, dit "Evangéliaire de Léofric" (reproduction)
Fin IXème - déb. Xème siècle, produit à Landévennec
Original, pezh orin, original: University of Oxford, Bodleian Library, MS Auct. D. 2.16, fº 71v Skeudenn eus sant Mark
Représentation de saint Marc Évangéliaire (reproduction)
908-909, Bretagne (Landévennec?)
Original, pezh orin, original: Médiathèque de Troyes Champagne Métropole, MS 960, fº 43v-44r
Représentation de saint Marc Evangéliaire, dit "Evangéliaire de Léofric" (reproduction)
Fin IXe - déb. Xe siècle, produit à Landévennec
Original, pezh orin, original: University of Oxford, Bodleian Library, MS Auct. D. 2.16, fº 71v Skeudenn eus sant Mark
Le monastère carolingien - IXème siècle
Restitution hypothétique de l'état vers 850, d'après Annie Bardel et Ronan Perennec.
Les fouilles menées sur le site de l'ancienne abbaye de Landévennec mettent au jour des restes de bâtiments correspondant au monastère aménagé au cours du IXème siècle, après que Louis-le-Pieux eût, en l'an 818, fait entrer Landévennec dans la famille bénédictine.
Le plan, l'emplacement des portes, les dénivellations, la couleur des enduits, correspondent à des observations effectuées au cours des fouilles.
Les élévations, les ouvertures hautes, ont été déduites à partir de détails relevés sur le site et de comparaisons avec des bâtiments similaires datant de la même époque. Elles ne restent malgré tout qu'hypothétiques mais permettent de se faire une idée vraisemblable de ce que put être le monastère de Landévennec à l'époque de la renaissance carolingienne.
Les bâtiments semblent assez directement inspirés tant dans leur disposition que dans leurs dimensions du modèle proposé à Inden par Saint Benoît d'Aniane à l'occasion du concile d'Aix - la - Chapelle (815-817) :
- église abbatiale dotée d'un massif occidental comportant une chapelle funéraire,
- bâtiment conventuel bordé par une galerie de cloître et abritant une salle capitulaire,
- élément d'un mur d'enceinte.
Colonnes du cloître "gothique"
Granite & microgranite, XV° siècle
Site de l'Ancienne abbaye, Landévennec
La cour intérieure du monastère est dotée d'une galerie à colonnade à partir du IXème siècle. La galerie est reconstruite à plusieurs reprises: au XIème, au XIIIème, au XVème et finalement au XVIIème siècle. Les colonnes et les chapiteaux présentés ici datent du XVème siècle.
Les motifs "réalistes" de feuilles de chêne, de lierre ou de marronnier, l'articulation des faces sculptées sur les chapiteaux témoignent de l'influence de l'art "gothique".
Archéologues: J. Irien, A. Bardel & R. Pérennec Analyse: R. Barrié
Gisant de Jean du Vieux- Chastel
Pierre de Kersanten, XVIème siècle
Cette sculpture funéraire (gisant) a été réalisée en hommage à de l'abbé Jean du Vieux Chastel, mort en 1522. Elle se trouvait, à l'origine, dans le transept Nord de l'église. L'abbé porte la mitre (couvre-chef des abbés et évêques), et il tient sous le bras un bâton pastoral dont la crosse est brisée. Un animal, dont la tête a disparu, se trouve à ses pieds: il s'agit probablement d'un chien qui pourrait symboliser la fidélité à la Règle de saint Benoit. Jean du Vieux-Chastel est connu pour être le dernier abbé "régulier" de Landévennec, c'est-à-dire élu conformément à la Régie de saint Benoit. Ses successeurs, les abbés "commendataires", furent désignés par le roi
Il entreprit de nombreux travaux dans l'abbaye et ses dépendances. Il commanda notamment une grande statue de saint Guénolé, sur laquelle on distingue son blason orné d'hermines.
Blason de l'abbé Jean du Vieux-Chastel XVIe siècle
Issus de grandes familles, les abbés de Landévennec disposaient de leurs propres blasons.
Ces armoiries apparaissent sur des statues, des cloches, des vitraux ou d'autres éléments d'architecture réalisés à leur initiative.
Blason de l'abbé Jean Briant XVIIe siècle
Jean Briant est abbé de Landévennec de 1609 à 1629.
Calendrier & note sur l'année 913 (reproduction) Xe siècle, Landévennec ou Montreuil- sur-Mer
Les années de l'Incarnation (notre calendrier) sont indiquées dans la colonne de gauche.
En marge de l'année 913 (DCCCCXIII) on lit: eod[em] anno destr[uctum] monasteriu[m] s[anc]ti [Uuinua]loei a normannis, « cette même année le monastère de saint Guénolé est détruit par les Normands.
Original, levr orin, original : Det Kongelige Bibliotek, Copenhague, Ms Thott 239 2,10 г
Tumulus funéraire (reproduction) Ce tumulus (amas de pierres) peut être daté du passage des Vikings à Landévennec. Il recouvre un foyer sur lequel ont été brûlés des ossements humains, dont on observe quelques vestiges. Les os semblent provenir de tombes pillées par les Vikings. Un fragment d'argile a pris la forme de l'intérieur d'un crâne. L'individu a d'abord été enterré dans le sol, riche en argile, de l'ancienne abbaye. Après le pillage de la sépulture, les ossements ont été brûlés et l'argile a cuit, fournissant une sorte de moulage du crâne disparu.
- En haut à gauche - ChapiteauVêtement d'un moine du haut Moyen Âge (restitution hypothétique)
"... jamais il ne se vêtit de laine ou de lin, mais il se couvrait de quelques peaux de chèvre"
Gurdisten, Vie de saint Guénolé, vers 870-880
Hormis ce témoignage de Gurdisten, écrit plus de 300 ans après la fondation du monastère, nous ne disposons pas d'indications sur les vêtements des premiers moines de Landévennec. Cependant, d'autres auteurs, comme Jean Cassien (IVème siècle) ou Grégoire de Tours (Vème siècle), évoquent les vêtements de peaux portés par certains moines de l'Eglise occidentale. Ils expriment d'ailleurs leur étonnement voire leur réprobation devant cette pratique vestimentaire qu'ils considèrent comme une manifestation excessive de pauvreté monastique.
Vêtement d'un moine bénédictin, XX° siècle
"Les frères porteront des vêtements adaptés à la diversité des climats (...) Nous indiquons ce qui nous paraît suffire dans les endroits tempérés : le vêtement du moine comporte la tunique et la coule*, coule d'étoffe épaisse en hiver, de drap lisse ou élimé en été ; en outre un scapulaire* de travail et, comme chaussures des bas et des souliers"
Règle de saint Benoît, VIe siècle
La Règle ne fixe ni la couleur, ni le tissu, ni les mesures du vêtement des moines. Celui-ci varie selon les besoins des communautés.
* Coule: vêtement à manches larges, doté d'un capuchon et porté par-dessus la tunique
* Scapulaire : vêtement formé de deux pans de tissus joints au niveau des épaules
Ouverture du premier Livre de la Vie de saint Guénolé
Cartulaire de Landévennec (reproduction) XIème siècle, nec Landévennec
Original: Bibliothèque municipale de Quimper, Ms 16, fº 8v-9
Premières lignes de la préface de la Vie de saint Guénolé Cartulaire de Landévennec (reproduction) XIème siècle, Landévennec
Copié dans les années 1047- 1055, le manuscrit contient des chartes (documents officiels) ainsi qu'une série de textes relatifs au culte du saint fondateur du monastère, notamment la Vie de saint. Guénolé écrite par Gurdisten. Les motifs végétaux rappellent les décors des chapiteaux de l'église ou du tau en ivoire qui datent de la même période.
16.123 Original: Bibliothèque municipale de Quimper, Ms 16, 1" 2v-3 to Z Le
Évangéliaire dit "Harkness Gospels" (reproduction)
Deuxième moitié du IXème siècle, Landévennec
Le calendrier indique les lectures adaptées aux différentes célébrations. Il est ici ouvert sur le mois de mars: la fête de saint Guénolé ("s[an]c[t] i uuinualoei") apparaît sur la première ligne de la page de droite.
Original: The New York Public Library, MA 115, p. 288- 289
La visite commentée du jardin, du site et du musée est terminée, les guides pour la petite randonnée de 4 ou 5 km environ vont nous rejoindre.
C'était un portail roman, l'Abbaye a été fondée au Vème siècle par le roi Grallon.
Nous quittons l'ancienne Abbaye.
Source des textes : site internet du musée de l'ancienne Abbaye de Landévennec, site internet de la mairie.
La randonnée
Nos guides de randonnée nous emmènent vers le sentier qu'ils nous ont préparé, nous traversons un bois ou une forêt avec en permanence un dénivelé positif.
Chênes et châtaigniers sont les plus nombreux à peupler ce bois ou cette forêt, c'est l'automne glands et châtaignes jonchent le sol...
Landévennec (marqué d'un point rouge en haut et à droite sur la carte ci-dessus) est l'un des 27 sites au patrimoine géologique exceptionnel.
Port Maria et le sillon du Pal
Port Maria
La traversée du bois ou de la forêt la plupart du temps en grimpettes
Près du Belvédère de Landévennec, le long de la rue de Gorreker.
"Landévennec : rencontre de la rivière et de la mer"
Au Belvédère, face à nous c'est l'île de Térénez encerclée par l'Aulne maritime qui aboutit à la mer
L'île de Térénez au centre
A gauche on aperçoit le cimetière des bateaux de la Marine Nationale.
Le cimetière des bateaux de la Marine Nationale.
De la réserve au cimetière à bateaux.
Rejoignant la Rade de Brest, l'Aulne termine ici sa course par un majestueux méandre. Comme pour mieux saluer un pays que l'on ne quitte qu' à regret... La quiétude du lieu, abrité des vents, et la profondeur des eaux n'échappent pas à la Marine qui, très tôt, s'intéresse au site : DUQUESNE, VAUBAN... Il faut cependant attendre le 19e siècle et les environs de 1840 pour voir la concrétisation d'un projet avec la création de la Station Navale que Napoléon III et l'Impératrice Eugénie visitent lors de leur voyage d'août 1858 en Bretagne. La vie du bourg de Landévennec est ainsi liée à la présence de la Marine jusqu'aux années 1930. Les équipages des bateaux en réserve (jusqu'à 200 marins) procurent une prospérité exceptionnelle aux commerces locaux.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'Occupant aménage des ateliers à bord de certains navires, notamment l' « Armorique », vaisseau-école des Mousses. Sabordé en août 1944, il gît toujours là par 18 mètres de fond... Dans les années 1950, la Réserve laisse place au cimetière des navires que nous connaissons aujourd'hui. Modestes gabares ou unités prestigieuses telles que le Paquebot " Pasteur " ou l'ancienne " Jeanne d'Arc " y séjournent. Pour bon nombre d'entre elles, c'est l' ultime escale, celle qui précède le chantier de démolition ou l' océanisation » en haute mer lors des exercices de tirs de la Marine Nationale. Si l'Aulne trouve ici une spécificité dans cette présence militaire, elle a également été une voie de communication importante intégrée au Canal de Nantes à Brest ouvert totalement à la navigation en 1836 (385 km, 238 écluses).
Péniches chargées de sable à destination des cultivateurs du Centre Bretagne remontent la rivière, descendant au retour ardoises et produits agricoles. Des « vapeurs » transportant passagers et marchandises effectuent des rotations régulières entre Port-Launay et Brest avec escales à Térénez et Landévennec. Après une période que l'on pourrait qualifier d' "âge d'or" entre 1890 et 1914, le Canal, concurrencé par le rail et les transports routiers, connaît un déclin rapide au lendemain de la Première Guerre Mondiale. La construction du barrage hydroélectrique de Guerlédan (Côtes d'Armor) en 1923 le scinde désormais en deux parties, rompant de fait la continuité fluviale établie un siècle plus tôt entre Nantes et Brest.
Nous sommes de retour sur le parking de l'Abbaye.
L'entrée de l'Abbaye Saint Guénolé.