La pointe des Espagnols est un site important pour la défense du port de Brest. Des ouvrages fortifiés s'y superposent depuis au moins la fin du 16° siècle.
Pendant la dernière guerre de Religion, le roi d'Espagne Philippe Il est allié aux catholiques extrémistes français contre le roi de France Henri IV. En 1594, l'armée espagnole occupe la pointe pour menacer Brest. Elle construit un fort qui est assiégé et détruit par les troupes royales françaises et leurs alliés anglais. Depuis, la pointe porte le nom des vaincus...
Au 17° siècle, Brest devient une grande base navale. Dans les années 1660 les accès à la rade sont fortifiés. La plus ancienne batterie qui existe encore à la pointe des Espagnols date de cette époque. Dans les années 1,690, Vauban fait augmenter l'armement de la pointe. Une grande batterie pour 32 canons est construite au bas de la falaise en 1695.
Au 18° siècle des ouvrages supplémentaires, des bâtiments et des retranchements côté terre sont construits.
En 1812-1813, Napoléon 1er fait construire une tour pour renforcer la défense vers l'intérieur des terres. Vers 1850, la défense terrestre est encore renforcée par la construction du rempart et des murs actuels.
Dans les années 1880 et 1890, de gros travaux de modernisation des batteries sont réalisés.
En 1900 la pointe est armée de 21 canons de gros calibre pour tirer sur les navires cuirassés, dont 2 sous casemates au bas de la falaise. Il y a aussi 4 canons de petit calibre pour tirer sur les torpilleurs rapides. D'autres canons légers sont ajoutés au bout de la pointe en 1910 dans des cuves en béton.
Pendant la Première Guerre mondiale, la majeure partie de l'armement est démontée pour servir sur le front.
De l'armement antiaérien est installé pendant l'entre-deux-guerres.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie utilise Brest comme base pour sa marine. À la pointe des Espagnols, elle construit une batterie de canons antiaériens de gros calibre et un solide point d'appui terrestre fait de bunkers, de tranchées et de champs de mines. La pointe se rend sans combat aux Américains en septembre 1944.
Après la guerre, le site est utilisé pour l'entraînement de l'armée française. Il commence aussi à devenir touristique.
Après les attentats de New York et Washington en septembre 2001, une batterie de missiles antiaériens est installée à la pointe durant quelques mois pour protéger la base de sous-marins nucléaires de l'Île Longue. C'est la dernière utilisation militaire du site. Le ministère de la Défense cède la pointe des Espagnols au Conservatoire du Littoral en 2009.
Des travaux d'aménagement pour le public ont eu lieu en 2023-2024.
La défense terrestre : se protéger contre les attaques surprises.
Les fortifications littorales doivent être protégées contre des attaques venant du côté de la terre. Ce n'est pas une armée venant du continent qui est crainte, mais des attaques après des débarquements dans les environs. L'attaquant peut vouloir par exemple prendre les batteries d'artillerie de côte à revers pour les détruire. Ces attaques rapides, menées par de l'infanterie, ne peuvent pas être accompagnées de gros moyens en artillerie. C'est pourquoi les ouvrages de défense terrestre du littoral sont assez simples par rapport à ceux des frontières continentales. Une des solutions pour se protéger contre les attaques d'infanterie est la tour. Elle peut sembler archaïque, mais c'est une forme architecturale en réalité très efficace contre des soldats à pied sans artillerie lourde. La hauteur de ses murs la rend difficile à escalader, ses murs en pierre protègent bien des armes légères et elle peut facilement être défendue par des fusils et de l'artillerie légère.
La tour de la pointe des Espagnols a été construite en 1812-1813 à la demande de l'empereur Napoléon pour mieux protéger les batteries de la pointe. Elle fait partie d'un programme de plans types dit des "tours-modèles" qui devaient être construites sur toutes les côtes de l'Empire.
Les formes légères de la fortification
Les fortifications ne sont pas toujours massives et construites en matériaux solides comme la pierre ou le béton. Des formes plus légères utilisant la terre et le bois existent. A côté des fortifications dites "permanentes" il existe des fortifications dites "passagères" construites seulement en cas de besoin en temps de guerre. Dans la fortification littorale ces formes légères peuvent être des emplacements d'artillerie, des retranchements d'infanterie barrant les plages, des tranchées, des obstacles comme des pieux ou des barbelés (au 20ème siècle). Ces ouvrages sont fragiles et ont laissé peu de vestiges, que seul un œil averti peut voir
Les terrassements sont aussi utilisés dans la fortification permanente. À la pointe des Espagnols, la tour napoléonienne est entourée dès sa construction d'un "chemin couvert" avec un parapet en terre et d'un "glacis" qui est une large zone en pente douce bien dégagée pour faciliter les tirs. Quand le rempart qui barre la pointe est construit vers 1850, il est relié à la tour par un ouvrage dit "caponnière double" fait de 2 retranchements en terre placés dos à dos. Il permet de circuler à l'abri et de faire feu en montant sur les "banquettes".
Les fortifications permanentes
Les fortifications dites "permanentes" sont celles construites pour durer. Du milieu du 16ème au milieu du 19ème la forme architecturale la plus répandue en Europe est la fortification dite "bastionnée". C'est une adaptation des murailles médiévales aux progrès de l'artillerie. Les murs en pierre sont renforcés d'épaisses masses de terre pour mieux résister aux projectiles its deviennent des remparts. Its sont abaissés pour être des cibles moins hautes. La manière de supprimer les angles morts au pied des murs doit alors changer le flanquement ne se fait plus depuis le sommet des murs et des tours mais depuis des bastions aux formes géométriques parfaitement étudiées, La fortification bastionnée est remplacée à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle par des formes plus adaptées aux progrès des armements de l'époque. La première fortification attestée à la pointe des Espagnols est un ouvrage bastionné: c'est le fort espagnol de 1594. L'ouvrage actuel a été construit de 1848 à 1851 pour renforcer la défense terrestre de la pointe et remplacer un retranchement en terre datant de 1773



Les batteries de côte.
ouvrages de fortification littorale doivent pouvoir résister au tir des navires. Cela concerne surtout les batteries d'artillerie qui doivent directement les combattre. Dans une batterie, les canons et les hommes sont protégés derrière un parapet. Les canons sont placés sur des affûts qui supportent leur recul au moment du tir et leur permet d'être orientés pour suivre leur cible.
Aux 17ème, 18ème et début du 19ème siècles les parapets peuvent être en terre ou en pierre. Certaines batteries sont entièrement abritées dans des abris couverts appelés casemates. Les affûts en bois sont d'abord les mêmes qu'à bord des navires. Les canons tirent le plus souvent à travers des ouvertures dans le parapet.
A la fin du 18ème siècle, un nouveau type d'affût apparaît. Les canons tirent alors par-dessus le parapet. Pendant le 19ème siècle les parapets deviennent de plus en plus épais pour résister à une artillerie de plus en plus puissante. Les affûts sont fabriqués en fer pour supporter le poids des canons et deviennent plus sophistiqués.
À partir de la fin du 19ème siècle et pendant le 20ème siècle, la pierre est remplacée par la terre seule et/ou le béton. Parfois, des blindages métalliques sont utilisés.
L'apparition de l'aviation de bombardement au 20ème siècle fait plus souvent utiliser les casemates pour protéger l'artillerie.
La Presqu'île de Crozon et la défense de Brest.
Les fortifications littorales de la Presqu'île de Crozon servent à la défense du port de Brest.
Brest devient une grande base pour la marine française sous Louis XIV et le reste jusqu'à aujourd'hui. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie y construit une base fortifiée pour ses sous-marins. Elle est bien visible de la pointe des Espagnols. La presqu'île de Crozon est très importante pour la sécurité de l'accès à Brest par la mer. Pour attaquer Brest, il faut débarquer des troupes dans les environs ou faire passer des navires de force dans le Goulet qui donne accès à la rade. Les défenseurs ont besoin de garder le contrôle de la rive sud du Goulet et de la rade. Du 17ème au 19ème siècle, c'est le rôle de la presqu'île-forteresse de Quélern-Roscanvel.
À partir de la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle, des ouvrages fortifiés sont construits partout dans la presqu'île de Crozon. Du 17ème au 20ème siècle, le territoire de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime accueille également d'autres installations militaires des casernes, hôpital, une fabrique de poudre, des réserves de munitions ou de carburant, un aérodrome. Aujourd'hui il existe encore des casernes, une base aéronavale, une école militaire et une base pour sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
Les ouvrages fortifiés du goulet et de la rade de Brest
Le goulet est le seul accès par la mer à la rade et au port de Brest. Il est donc lourdement fortifié du 17ème au 20ème siècle. Le Goulet mesure 6 000 mètres de long et n'est large que de 1 800 mètres dans sa partie la plus étroite entre la pointe du Portzic au nord et la pointe des Espagnols au sud. Il est divisé en deux passes par une barre rocheuse qui oblige les navires à se rapprocher d'une des rives.
"Le Goulet est à Brest ce que le détroit des Dardanelles est à Constantinople" écrit Vauban en 1683.
Il fait barrer le passage par deux grandes batteries construites au ras de l'eau au milieu du goulet : les batteries du Mergant au nord et de Cornouaille au sud. ll les complete par deux autres grandes batteries à la pointe du Portzic et à la pointe des Espagnols, plus d'autres petites batteries implantées au sommet des falaises.
Les sites fortifiés par Vauban à la fin du 17ème siècle continuent d'être utilisés et modernisés jusqu'au 20ème siècle. De nouvelles fortifications sont construites au 18ème, au 19ème siècle et au 20ème siècle. Le Goulet est très bien défendu : en 1695, Vauban prévoit plus de 200 canons: en 1901 il y a 110 pièces d'artillerie de tous calibres. À la fin du 19ème et au 20ème siècles, le Goulet est aussi défendu par des mines sous-marines et des batteries lance-torpilles.
Beaucoup de fortifications sont encore bien visibles de nos jours sur les deux rives du Goulet, même si toutes ne sont pas visitables
La batterie basse de la Pointe des Espagnols.
Une partie den fortifications de la pointe des pour servir à la défense du Goulet.
En1695, Vauban fait aménager une batterie pour 32 canons en rabotant la falaise. C'est une batterie basse prévue pour tirer au ras de l'eau dans l code des navires. Elle est donc armée de canons de gros calibre (36 livres). Cette batterie est toujours utilisée avec peu de modifications jusqu'à la guerre de 1970. Elle est reliée aux ouvrages du sommet de la pointe par 2 murs remontant le long de la pente.
En 1888, une batterie sous casemates est construite dans le terre-plein de l'ancienne Batterie. Elle est armée de 2 énormes canons de 32 om du modèle de celui actuellement visible derrière bous, qui sont capables de percer les blindages des navires cuirassés. Dans les années 1990, l'ancienne batterie est aussi réutilisée pour installer des petits canons air rapide pour lutter contre les navires légers comme les torpilleurs. D'énormes projecteurs électriques pour éclairer le Goulet la nuit sont également installés à cette époque.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie ajoute 2 casemates en béton sur les ouvertures de la batterie casematée désaffectée.
L'île Longue au loin, elle est bien surveillée !
Le Belem
Circuit du Moulin du Seigneur, il me semble avoir déjà vu le nom de ce sentier...
Le sentier de la chênaie
Le canon de 32 cm modèle 1870-84 (1888)
Cette énorme pièce d'artillerie est un canon de côte français des années 1880. Il pèse 48 tonnes pour 10 mètres de longueur. L'obus de plus de 300 kg est projeté à la vitesse initiale de 650 mètres par seconde (soit 2 340 kilomètres par heure !).
Ce type de pièce très puissante est utilisé pour faire du tir dit "de rupture" afin de percer le blindage des navires cuirassés.
A Brest, ce modèle a armé 6 des 7 batteries sous casemates construites au ras de l'eau dans le goulet, dont une se trouvait ici à la pointe des Espagnols, au pied de la falaise. Un tel canon nécessite une quinzaine d'hommes pour le servir. La procédure de chargement demande au moins 5 minutes par tir à une équipe entraînée. L'affût actuel sur lequel repose le canon n'est pas celui utilisé à l'époque. Il s'agit d'un affût "de circonstance" utilisé en champ de tir d'essais. Fabriqué à la fonderie de la marine de Ruelle (Charente), ce canon a commencé sa carrière dans une batterie de côte vers 1890. Pendant la Première Guerre mondiale, il a été retiré des côtes pour servir sur le front. Il participe à la bataille de la Somme en 1916. L'usure du tube, à force de tirer, l'amène à être réalésé au calibre 34 cm en 1917. Après-guerre, il est transféré au champ de tir de Gâvres (Morbihan) pour servir à différentes expérimentations. À la fermeture du site de Gâvres dans les années 2000, certains canons sont conservés, dont celui-ci. Il est restauré et mis en place à la pointe des Espagnols en 2022.

L'artillerie de côte
Les principaux adversaires des fortifications littorales sont les navires. Les fortifications littorales doivent donc être armées de pièces d'artillerie capables de les affronter. L'artillerie de côte évolue en fonction des navires. Elle est même le reflet de l'évolution de l'artillerie des navires.
Aux 17ème, 18ème et début 19ème siècles les côtes sont armées de canons à tube lisse se chargeant par le devant et tirant des boulets sphériques pleins. Ce sont des pièces de gros calibre tirant des projectiles allant jusqu'à environ 18 kilogrammes (36 livres), voire plus. Il y a aussi des mortiers, qui sont des pièces d'artillerie très courtes tirant en cloche des "bombes" explosives redoutables pour les ponts des navires. Les canons peuvent tirer jusqu'à 2 000 mètres, les mortiers un peu plus loin.
Pendant le 19ème siècle l'artillerie fait de gros progrès. Les canons peuvent tirer des "obus" explosifs. Pour percer le blindage des navires cuirassés qui apparaissent vers 1860, les canons deviennent plus gros. Leur tube est rayé pour améliorer la précision, ils se chargent par l'arrière. Les portées de tir augmentent jusqu'à près de 10 000 mètres.
À partir de la fin du 19ème siècle et pendant le 20ème siècle, la portée et la puissance des plus gros canons continuent d'augmenter (jusqu'à plus de 20 000 mètres !). L'armement se diversifie pour faire face aux nouveaux types de navires plus petits et plus rapides comme les torpilleurs.
Au 20ème siècle l'artillerie antiaérienne est une réponse à la menace nouvelle des avions.
C'est l'heure de la pause pique-nique
L'après-midi : vers le fort de la Fraternité
La construction su fort de la Fraternité date de la fin du XVIIIème siècle, et les modifications de la seconde moitié du XIXème siècle. Il est composé d'une batterie de 1695, un fort de 1791 et d'une casemate. Il avait pour but de protéger l'anse de Camaret des assaillants et de défendre la crique en contrebas du fort. En 1870, il fut abandonné militairement et servit à entreposer du bois et des barils de chaux.
Pour avoir davantage d'informations, ouvrez le lien : Fort de la Fraternité, Roscanvel
Le fort des Capucins
Cécile, la guide, met en scène le scénario de la reddition du Général RAMCKE.
Elle imite la voix du général allemand ainsi que la voix de l'américain.
Elle fait ça à merveille !!!
Le fort des Capucins
Le fort des Capucins
Le fort des Capucins a été construit sur un îlot à l'entrée du goulet de Brest et relié par un pont à la côte de la presqu'île de Roscanvel.
C'est Vauban qui, le premier, a imaginé des plans pour fortifier cet îlot, placé dans un endroit extrêmement stratégique, à l'entrée du goulet de Brest, et contrôlant, vers le sud, toute l'anse de Camaret. Mais il n'eut pas le temps de faire le travail lui-même...
C'est en 1848 qu'on attaqua le rocher à la mine pour y faire deux plates-formes, une du côté du goulet pour y placer des canons, et une du côté falaise, pour y construire un casernement pour une soixantaine d'hommes, complètement invisible de la mer.
Par la suite, et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, les installations évoluèrent ; on construisit une petite usine électrique pour alimenter de puissants projecteurs, on creusa le roc pour y installer un magasin et des canons supplémentaires, on construisit une petite voie ferrée pour l'approvisionnement du fort (un petit wagon montait le long de la falaise).
À l'époque de Vauban, c'était du Capucin. L'origine du nom n'est pas celle d'un ermitage de Frères capucins autrefois installé ici, mais en raison de la forme d'un rocher qui fait vaguement penser à un moine encapuchonné lisant son bréviaire.












Le repas du soir à Ker Beuz