Lundi 3 septembre 1878; Aire vit un rêve : la gare est inaugurée.
Lundi 3 septembre 1878; Aire vit un rêve : la gare est inaugurée.
Les trains vont passer à heures fixes et les voyageurs doivent franchir en cinquante minutes l'espace qui sépare Aire de Saint-Omer.
La gare est pavoisée, des mâts chargés de drapeaux, de fausses portes s'ornent d'inscriptions "Honneur aux Ingénieurs", "Soyez les bienvenus".
Un air de fête envahit les rues et les couleurs nationales flottent aux fenêtres des maisons.
À 9 heures, la musique du 73º de ligne se joint à l'harmonie municipale.
À 11h30, le maire, entouré du conseil municipal, se rend à la gare, accompagné des sapeurs-pompiers où plus de 2 000 personnes accueillent le cortège. Au coup de sifflet, la locomotive, depuis si longtemps désirée s'avance, majestueuse.
M. Lefebvre de Grosriez, sous-préfet, M. Duméril, maire de Saint-Omer, des conseillers généraux descendent du train sous les applaudissements de la foule.
M. Lambert, maire d'Aire, prend la parole pour vanter les mérites du train : "L'inauguration du chemin de fer sera pour nous et pour la riche contrée qui nous avoisine le point de départ d'une nouvelle ère de prospérité". Puis il se montre optimiste et lyrique : "L'avenir se présente à nous sous l'aspect le plus favorable. L'Industrie, le Commerce et l'Agriculture qui se donnent la main dans cette fête sont pourvus de l'instrument nécessaire à leur développement. Attendons avec confiance, habitants de la ville d'Aire, les résultats de leur activité féconde ..
A son tour, le sous préfet, représentant du gouvernement républicain que la France s'est donnée, se fait, lui aussi le chantre du progrès et d'un avenir radieux : "N'est-ce pas le travail qui donne la paix aux hommes de bonne volonté, n'est-ce pas lui qui guide sans cesse vers un meilleur avenir notre société moderne, active et laborieuse, pénétrée de l'esprit scientifique, croyant à la justice et au progrès, pour tout dire en un mot, essentiellement démocratique ?". Le soir, les rues sont illuminées et un magnifique feu d'artifice clôt cette journée qui va rester dans les annales de la cité.
Il a fallu 40 ans pour qu'Aire ait son chemin de fer; 40 ans de démarches, d'enquêtes et de combats.
La première bataille date de 1838. La municipalité a tout de suite compris l'intérêt du chemin de fer avec l'espoir qu'Aire soit une plaque tournante entre Lille et Boulogne et Arras et Calais - ambition justifiée par sa position géographique. Mais en 1843, on apprend que le tracé retenu pour la ligne Arras - Calais passe par Béthune et Hazebrouck. Et le 28 juin 1848, la Chambre des députés choisit Hazebrouck comme nœud ferroviaire aux dépens d'Aire. Première défaite pour la cité.
Une deuxième bataille s'engage en 1853. Il faut desservir le bassin minier par le chemin de fer et ouvrir une ligne entre Arras et la mer. L'espoir renaît, la municipalité vote une subvention de 200 000 f. pour la construction d'une gare. Mais le ministre des Travaux publics décide la construction de deux stations, l'une à Thiennes, l'autre à Berguette. Le 4 janvier 1862, le chemin de fer d'Arras à Hazebrouck est inauguré : il ne passe pas par Aire. Deuxième défaite pour la ville.







